Les cerveaux cramés de l’unif
Le meilleur de la presse du Nord
Illustrations (CC BY-ND) : Émilie Gleason
Traduction : Thomas Lecloux
Enquête : Jan Walraven
Publié le

La santé mentale des jeunes chercheurs flamands est inquiétante : un doctorant sur trois souffre de problèmes psychologiques sérieux. Trop nombreux, ils se livrent à une concurrence pour les financements et à une course à la publication. Mais ils rapportent beaucoup aux universités.
Au début de cette année, le Centre d’expertise pour le monitoring de la recherche et du développement de la Communauté flamande (Ecoom) a publié des chiffres retentissants sur la santé mentale des doctorants : pas moins d’un doctorant sur trois rencontre de graves problèmes de santé mentale, et les doctorants courent 2,4 fois plus de risques de connaître ce type de problèmes que les autres personnes hautement qualifiées. Les exigences professionnelles élevées, la répartition hommes-femmes inéquitable dans les groupes de recherche et les conflits entre vie privée et vie professionnelle seraient les principaux facteurs de risque de développer des problèmes mentaux. Les chercheurs qui travaillent avec une bourse temporaire ou sur un projet temporaire seraient plus exposés que les autres, de même que les femmes doctorantes par rapport aux hommes.
Partant de ces constats, Apache a interrogé une vingtaine de chercheurs, doctorants, postdocs et professeurs de différentes disciplines et universités de Flandre. Que tous aient souhaité s’exprimer sous couvert de l’anonymat montre d’emblée à quel point le sujet est sensible. La critique ouverte reste une affaire délicate dans les universités de Flandre.
Publier pour exister
Le centre Ecoom précise ce qu’il entend par exigences professionnelles élevées : la charge de travail et la pression à la publication. Cette pression, les chercheurs scientifiques s’en plaignent depuis des lustres. Les doctorants sont en effet tenus d’obtenir la publication de leurs articles dans des revues scientifiques de renom. À peu près tous nos interlocuteurs reconnaissent cette pression et le stress qu’elle engendre, mais …