
Les tags, grattages et autres actes de vandalisme urbain offrent des leçons d’histoire bien vivantes. À Bruxelles, une sculpture héritée de l’époque coloniale en est la preuve.
Thomas Vinçotte. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Nonante et un ans après sa mort, pourtant, ses œuvres de commande pour Léopold II restent parmi les plus polémiques du pays. Prenez la statue du roi barbu, place du Trône, à Bruxelles. En décembre dernier, l’échevin MR de Bruxelles Geoffroy Coomans de Brachène entend organiser un hommage à l’empreinte urbanistique du « roi bâtisseur » sur la capitale. Réaction immédiate : les activistes du Mouvement X de Dyab Abou Jahjah (voir entretien p. 118) lancent une contre-manif autour de la statue équestre, pour rappeler les abyssaux méfaits de la colonisation. Le lendemain, Léopold se réveille même les mains repeintes en rouge sang.
À l’ombre de la mosquée du Cinquantenaire, une autre œuvre en plein air de Vinçotte porte des stigmates bien plus durables encore. Le Monument aux pionniers belges au Congo (1921) constitue un hommage grandiloquent aux colons belges pour avoir « sauvé » les populations indigènes des colons arabes… Avant de s’arroger le droit de les dominer. Il porte cette inscription, en français et en néerlandais : « L’héroïsme militaire belge anéantit l’Arabe esclavagiste. »
Cicatrices vivantes
Une phrase qui titille depuis longtemps notre histoire nationale au point d’avoir déclenché une guérilla graphique presque surréaliste. Premier assaut : en 1988, à la suite d’une plainte de la Ligue arabe, les mots Arabe/Arabische sont effacés par les autorités responsables. Riposte en 1992, lorsque les mots sont restaurés, après une demande du Cercle royal des anciens officiers des campagnes d’Afrique.
S’ensuit …