Folie libre

Jean-Claude aime beaucoup porter des objets lourds. Il est à la Devinière depuis le début, soit depuis 1976. Il parle beaucoup, ce qui en fait un des « gosses » les plus médiatisés. De lui, Benoît Dervaux, réalisateur du film La Devinière (2001), dit : « Je pense que c’est lui qui souffre le plus, parce qu’il n’est nulle part. Il est un peu dans la normalité, il est un peu dans la folie. »
Il y a 40 ans, Michel Hocq rassemble des enfants psychotiques dans un lieu, la Devinière. Objectif : les tenir loin des camisoles chimiques et physiques. En 2016, les résidents sont encore appelés des « gosses ». Et restent libres. Avec le concept de « psychothérapie institutionnelle », la Devinière est un lieu unique en Belgique.
Younes est en retrait du groupe. Il recherche souvent le calme. Il aime les promenades et son humeur varie facilement d’un jour à l’autre. Les « gosses », comme Younes, sont libres d’entrer et de sortir de leur chambre comme ils veulent.
Comme pour tout le monde, il y a des hauts et des bas. Pour les anniversaires du mois d’avril, Zacharias était en forme, enthousiaste à l’idée de la soirée. Il allait mettre une belle robe. Pour finir, il a mis une chemise.
Les psychoses dont souffrent les « gosses » sont lourdes. Philippe, lui, donne le change de la « normalité ». Présent à la Devinière depuis 1987, il s’exprime sans difficulté, aime se déguiser, fait de la plongée sous-marine toutes les semaines.
Greg paraît prostré. En fait, il sort de la piscine et s’amuse du jeu de la photo. Il est rarement nu mais les « gosses » peuvent l’être s’ils le souhaitent. Sauf si cela dérange les autres personnes. Au moment du souper, toutes les tables ne sont pas « nus admis »…
Éric, c’est le bricoleur de génie. Il ne cesse de bâtir des cabanes, de monter des installations électriques. Quand il est arrivé à la Devinière (en 1976), il détruisait tout ce qui lui passait sous la main. « Michel (Hocq, le fondateur, NDLR) lui a permis de détruire dans un endroit spécifique, explique Yves, éducateur. Et une fois qu’il n’y avait plus rien à détruire, il a construit. L’acharnement ne sert à rien. …