19min

Comment nos médias font fuir les femmes

sexisme-journalisme
Rebecca Rosen. CC BY-NC-SA.

Les journalistes – c’est bien connu – sont des gens cultivés, civilisés et progressistes. En Belgique, ils sont à 65 % des hommes. Un record européen. Pourquoi y a-t-il chez nous si peu de femmes journalistes ? Réponse : blagues sous la ceinture, humiliations répétées et carrières rabotées.

Dans un grand média belge : « Toi, je te connais, je suis sûr que tu prends dans le cul. » L’auteur de la sentence n’est pas un ours mal léché passant par erreur dans une salle de rédaction, mais un journaliste bien dans la place. Ses collègues rigolent, haussent les épaules, sourient bêtement. Ici, on est habitué…

Les médias belges connaissent une situation dont l’ampleur est unique en Europe : chez nous, les femmes ne représentent que 35 % des journalistes professionnels (contre 47 % en France), alors qu’elles sont majoritaires au sortir des écoles de journalisme. Elles abandonnent la profession plus rapidement que les hommes et que leurs consœurs étrangères. Pourquoi ? Une étude réalisée en 2018 par Florence Le Cam, Manon Libert et Lise Ménalque (Laboratoire des pratiques et identités journalistiques, ULB et UMons) a posé la question aux membres de l’Association des journalistes professionnels (AJP). Les chercheuses s’attendaient à ce que les répondantes évoquent la pression du métier, la difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle, la précarité. Mais nos consœurs ont parlé de machisme, de sabotage de carrière, de souffrance au travail. « On ne s’attendait pas à autant de témoignages de sexisme et de violence organisationnelle dans le milieu médiatique belge francophone », s’étonne Florence Le Cam.

En février de cette année éclate en France le scandale de la « Ligue du LOL » : on découvre que ce groupe Facebook, rassemblant notamment des journalistes, s’est spécialisé dans la feinte sexiste sur les …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3400 abonnés et 1859 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus