Les voies du plasma (1/2)
Le plasma, on l’a dans le sang. Et quand il en sort, c’est pour sauver des vies, par millions chaque année. Mais face à une demande mondiale croissante, le précieux liquide se fait rare. La Belgique vise l’autosuffisance. Cet objectif passe par… l’Allemagne et la Suisse, via la multinationale CSL Behring. Le don du sang, c’est un geste gratuit dans un parcours payant. Suivez avec nous les voies du plasma belge.
Dorian, je te présente Pierre. Pierre a 21 ans, des yeux d’un bleu transparent. Il termine une formation en logopédie et il est tout le temps occupé. Plutôt du genre heureux de vivre. Il parle de ses formidables copains, sa merveilleuse amie, sa sœur adorable, sa nièce à croquer. Ne lui cherche pas des noises. Il est dans l’équipe belge de karaté de la Japanese Karate Association. C’est quelqu’un de très fort et très fragile.
Pierre, je te présente Dorian. Reste couché, Dorian. La veine, la piqûre. Tends ton bras, et voilà, le liquide rouge entre dans une machine blanche juste à côté de toi. Moustache fine, tatouages sur le bras, tu es étudiant bachelier à la Haute École libre de Bruxelles Ilya Prigogine (HELB). À côté de l’hôpital. Ça tombe bien. Même si tu es féru de littérature, que tu te tapes les classiques en ce moment (Voltaire, carrément, tu frimes un peu là), tu es venu sans livre. Tu es venu avec Sophie, une amie de classe. En deux ans, c’est la huitième fois que tu donnes sang, plaquettes ou plasma. La première fois, il y eut ce questionnaire interminable, cette confrontation bienveillante mais intimidante avec le docteur. Mais maintenant, tu es habitué. Ton sang rougit les fins tubes translucides, traverse les méandres de la centrifugeuse qui sépare les composants du sang, et te réinjecte plaquettes et globules rouges. Le plasma gonfle d’un liquide jaunâtre une poche de 650 millilitres, ainsi que cinq tubes de quelques millilitres. Bravo, …