La mort a pour tous un regard

En immersion durant six mois dans un hospice bruxellois, le photographe Lionel Jusseret sonde notre rapport à l’intime et à l’isolement. Abordant la vieillesse sous le prisme d’Alzheimer, il interroge la représentation de cette maladie encore souvent considérée comme tabou.
Dans l’ascenseur.
Madame T., 86 ans, et Madame B., 72 ans.
M. F., 98 ans et Madame F., 97 ans, mari et femme. Période de Pâques, salle commune.
M. F., 98 ans et Madame F., 97 ans, mari et femme. Période de Pâques, salle commune.
M.J., 82 ans.
Peigne de Madame N, 92 ans.
Coiffure de Madame N, 92 ans.
Madame H., 79 ans et M.M., 81 ans, amant.
M.G., 99 ans.
Madame M., 96 ans.
Madame A., 83 ans.
C’est au cours d’un voyage de longue haleine dans le monde de l’autisme que Lionel Jusseret se tourne vers la photographie. Ce réalisateur de formation travaille alors comme éducateur auprès de jeunes autistes. « Ces enfants-là subissent les pires injustices car on en a une compréhension encore complètement archaïque. Je voulais exprimer une autre vision, totalement subjective, raconter ces enfants comme des êtres humains, pas comme des malades. » Un travail au long cours qui lui prendra dix ans.
Dans son nouveau reportage, le photographe explore le monde d’Alzheimer en s’attachant avec la même insistance à dépeindre l’humain avant le malade. « Quand j’ai commencé à parler d’Alzheimer avec mes collègues, il y avait des éléments qui faisaient écho à l’autisme. Cela avait du sens d’explorer la vieillesse après avoir travaillé avec des enfants. De se confronter à la mort, aussi. » Lionel Jusseret, 30 ans cette année, se lance dans un contrat de six mois en tant qu’aide logistique au sein d’une institution pour personnes âgées.
Ce qui caractérise …