Kir royal
Enquête sur Emir Kir, bourgmestre de Saint-Josse. Voix de velours et poigne de fer.
Saint-Josse-ten-Noode propose un cocktail étonnant : c’est la commune la plus jeune, la plus diverse et la plus pauvre de Belgique. À sa tête, Emir Kir s’apprête à défendre son bilan, avant les élections communales. Il rêve de réunir ; sa gestion divise. Redistributive mais clientéliste. Localiste mais taxée de communautarisme. Portrait d’une commune hors normes et d’un bourgmestre qui fait polémique.
Avec près de 150 nationalités cohabitant sur à peine un peu plus d’un kilomètre carré, Saint-Josse-ten-Noode (Bruxelles) est une terre de contrastes, comme on dirait dans un catalogue publicitaire. Les trois quarts de la population ont au moins un grand-parent né hors de Belgique. Principalement en Turquie et au Maroc, mais aussi en Bulgarie, Roumanie et Afrique subsaharienne. La commune est un point d’entrée pour de nombreuses populations immigrées. Beaucoup partent s’installer ailleurs une fois leur situation moins précaire. Le renouvellement démographique est donc particulièrement important : sur une législature, plus d’un quart des électeurs (environ 3 000 sur 11 000) auront déménagé, remplacés par d’autres.
La plus petite commune de Bruxelles demeure aussi la plus pauvre du pays, du moins en termes de revenus par habitant. Logements insalubres, dépôts d’immondices et prostitution constituent quelques-uns des signes extérieurs de cette pauvreté, qui est le lot de la commune depuis des générations. Les finances communales, elles, se portent bien. Les taxes sur les bureaux, encore augmentées au cours de la législature, rapportent gros. Ce n’est pas le dernier paradoxe de Saint-Josse.
Saint-Josse détient également le record de la jeunesse : l’âge moyen de la population (33 ans) est le plus bas du pays. Du Lycée Cudell à la salle de sports Mandela, la commune tente d’encadrer ses quelque 8 000 jeunes de moins de 18 ans. « Nous sommes dans chaque rue, auprès de chaque famille, de chaque jeune », assure le bourgmestre.
Un brin paternaliste, Emir Kir (PS) entend …