Enfants proies

En 2012, la Fédération Wallonie-Bruxelles engage un partenariat avec l’asbl Tumaini pour organiser l’adoption d’enfants congolais. Les perspectives étaient prometteuses. Le fiasco est complet. Frais excessifs, faux documents, maltraitance, vol d’enfants : c’est le pire de l’adoption.
« Je m’appelle Anna. On a écrit que j’ai 5 ans mais c’est pas vrai. J’ai 4 ans et on m’a réveillée. On est sortis de l’avion. Un long couloir bien propre. Cet aéroport gris métallique avec plein de Blancs. J’en ai jamais vu autant. Nous sommes onze enfants à être montés dans l’avion, à avoir quitté la maison Tumaini, à Kinshasa. Sans même dire au revoir à tonton Kitambo.
Nous sommes alors tous rassemblés dans une pièce, enfants noirs et parents blancs. Il y a des jeux, des présentations. Une dame porte, comme moi, une fleur sur une pancarte fixée autour du cou. Elle me parle. Je ne comprends rien. Je joue. Puis tout le monde part. Des grands Blancs avec des petits Noirs. La dame à la pancarte veut partir avec moi. Je suis la seule à pleurer. Alors le grand frère qui nous avait accompagnés pour pas que nous ayons peur de l’avion a dit de ne pas pleurer, il a dit qu’on viendrait me rechercher.
Je l’ai cru. Pendant une semaine, tous les matins, j’ai frappé la dame. Je me suis habillée, j’ai mis ma culotte, mes chaussettes, mes chaussures, mon pantalon, mon T-shirt, ma veste. J’ai noué mes cheveux dans un élastique et j’ai mis mon sac à dos. Je me suis positionnée en face de la fenêtre. Du deuxième étage de chez cette dame, on voyait bien le carrefour. J’ai attendu. Personne n’est venu me chercher. C’était pas vrai.
Quand j’ai pu parler le …