Le Musée royal de l’Afrique centrale qui a rouvert ce 9 décembre 2018, était fermé depuis 2013. Idem pour l’exposition permanente. Entre la diaspora africaine, les scientifiques et les muséologues, l’explosion est permanente. Elle aussi.
Le vieil éléphant empaillé est imperturbable. Il est pourtant recouvert de bâches en plastique et entouré d’ouvriers qui s’agitent. À Tervuren, le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) fait peau neuve. Le bâtiment centenaire, de style néoclassique, est fermé depuis 2013, pour un sacré rafraîchissement. Depuis cette date, les collections ont rejoint le gigantesque entrepôt où des millions d’échantillons d’animaux, 100 000 poissons, des masques, des tambours, des instruments de musique, du bois, 17 000 serpents et 300 000 araignées, dont l’essentiel a été arraché au Congo à l’époque coloniale, sont rangés en attendant la réouverture. Pour Déborah Silverman, professeure d’histoire européenne à l’Université de Californie, et spécialiste du musée de Tervuren, cette collection, d’une ampleur colossale, est une « forêt pétrifiée du colonialisme constituée par l’extraction massive d’animaux, d’artefacts, de produits, pendant les décennies léopoldiennes. On a dépouillé des ressources culturelles et naturelles à une échelle inimaginable ».
Ce musée et cette collection sont intimement liés à l’histoire coloniale de la Belgique, et plus particulièrement à l’entreprise personnelle de Léopold II, qui dirigea seul (sans jamais y avoir mis les pieds) l’État indépendant du Congo de 1885 à 1908. En commandant l’érection de ce « musée du Congo » – à la suite de l’Exposition universelle de 1897 –, le souverain voulait mettre en avant son aventure commerciale, dont l’extraction des ressources était la motivation première, qui eut pour conséquence la soumission brutale des Congolais.
Changer l’exposition permanente
« Le musée était clairement un vestige de l’époque coloniale …