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La passion des brols

Reportage à la ressourcerie

À Tournai, derrière la gare, il y a une ressourcerie. Un des seuls lieux de la ville où « tout le monde se croise et se cause encore », résume Christian, un habitué. « Tout le monde à part Elon Musk et le damné de la terre, hein. » Autour de quoi se croise-t-on « encore » ? « Autour des objets dont on débarrasse nos greniers. De la vaisselle, des bouquins, des fringues ou des statuettes de dauphins… »

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Thomas Freteur. CC BY-NC-ND

« Ce matin, je devais juste aller à la poste. Mais je sais pas pourquoi, ma voiture s’est arrêtée ici. » Ce matin, donc, entre les vases, les tasses et un petit angelot, Christian, 73 ans, « fait son tour ». Et des blagues. « C’est une assuétude, c’est clair. Mais bon, on va pas commencer à psychanalyser la chose, sinon je pourrais passer 20 ans dans un fauteuil. » Christian précise d’emblée : « Je suis moins excité qu’avant avec les objets. » Avant, ce responsable d’un centre de formation du Forem dénichait les bonnes affaires, qu’il revendait. « J’ai déjà trouvé des vases, revendus 100 fois le prix. Comme de la céramique début XIXe, belge ou française. »

Mais aujourd’hui, et « c’est peut-être l’âge » qui veut ça, « je viens surtout pour faire mon tour. Je connais une personne sur deux ! » Dont Nathalie, 75 ans, qui s’avance, longue jupe plissée, veste à paillettes et cabas à roulettes. Elle a repéré l’angelot. Christian, lui, a repéré Nathalie.

  • « Mais vous brillez de mille feux. Quelle est cette étoile naissante ? »
  • L’étoile rit de la blague. « Ah, ma veste à paillettes ! Eh bien, elle vient d’ici. Tout ce que je porte vient d’ici, d’ailleurs. J’aime bien les choses originales. »

Nathalie aimerait quand même l’avis de Christian sur l’angelot. « Il est beau, non ? » Silence. Sourcil levé. « Ah, bah moi, il me plaît. Et hop ! » L’étoile continue son chemin.

Ce matin, à la ressourcerie, il y …

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