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Le cacao, en dépit des forêts

Sur les traces du chocolat belge

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Kristof Vadino. Tous droits réservés.

Durabilité ! Le secteur du cacao n’a plus que ce mot à la bouche. En Belgique, toute l’industrie se range derrière les objectifs de « Beyond Chocolate », qui promet d’en finir avec la déforestation et le travail des enfants. Au Ghana, Médor a suivi la chaîne d’approvisionnement d’un géant du secteur, Barry Callebaut, qui fournit de grands noms belges. Des fèves issues de la déforestation sont incorporées dans sa production « 100 % durable ».

Derrière un petit hameau de maisons en terre séchée du village de Sushenso, au sud-ouest du Ghana, la forêt de Tano Sushen se profile. Un sentier gorgé d’eau conduit vers de vastes zones arborées, aux allures de savane, où des kapokiers majestueux se dressent et des margousiers colorent le paysage. Après avoir franchi des herbes hautes, réputées pour abriter diverses populations de serpents, on devine la forme si particulière des feuilles de bananiers, puis de cacaoyers, d’où pendent de belles cabosses jaunes. Des herbes fraîchement coupées attestent du départ précipité de travailleurs. Car leur activité est illégale.

Tano Sushen est une réserve forestière protégée. Mais tout le monde sait ici que des fermiers, dont certains font valoir un droit ancestral sur ces terres, grignotent la forêt tropicale pour y faire pousser des cacaoyers sur ce sol fertile, souvent parce qu’ils n’ont pas d’autre choix pour subsister. « Des fermes illégales ont été détruites l’an passé par la Commission nationale des forêts, atteste un villageois lanceur d’alerte, préférant rester anonyme, mais il y en a d’autres qui sont toujours bien là. »

Au détour d’un chemin, un homme apparaît, muni d’un gros coutelas, le visage creusé après une journée de dur labeur sur sa plantation de 2,5 hectares dont il tirera tout au plus 200 kilos de fèves cette année. « Je sais qu’à tout moment les autorités peuvent m’arrêter », lâche, un peu effronté, celui qui se prénomme Yaw. « J’avais un problème d’accès à la terre familiale, et je dois survivre. J’ai …

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