8min

Le sixième bloc

En plein cœur de Bruxelles, le quartier de logements sociaux des « cinq blocs » vit ses derniers moments. Ses habitants calquent une partie de leur identité sur ce lieu de vie qui se meurt. La question des attaches se pose pour Anas et ses potes. Ils ont 20 ans et n’ont jamais connu rien d’autre comme perspective : la destruction.

quifache.jpeg
Margot Lecomte. CC BY-NC-SA

L’automne tombe en même temps que les premières gouttes de pluie sur la Bourse de Bruxelles. Le ciel gris contraste avec les robes de mariées, les costumes chics et les boutiques de meubles de luxe de la rue Antoine Dansaert qui exposent dans leurs vitrines des articles à trois, voire quatre chiffres. Depuis la Bourse, c’est l’un des accès les plus agréables vers le canal. Quelques pas avant le pont reliant Molenbeek, une rue sur la gauche offre un spectacle qui tranche avec le profil embourgeoisé des environs. Sous les pieds, il n’est désormais plus question de pierres bleues mais de gros pavés ou de dalles froides de béton. Celles-ci accueillent cinq tours de huit étages en enfilade, 314 logements. C’est blanc, c’est gris, et ce n’est bientôt plus.

Bienvenue dans les « cinq blocs ». Le quartier a été construit au milieu des années 60. Le gestionnaire de ces bâtiments, c’est le Logement bruxellois. Avec la Ville de Bruxelles, cette société publique a prévu la destruction de trois des cinq bâtiments d’ici à 2022. Les autres suivront dans les années à venir. La raison ? L’insalubrité. On ne prend plus l’ascenseur dans les blocs. Il est trop vétuste et dangereux. Ici, les sacs de course se montent à la main parfois sur cinq, voire huit étages, par l’escalier, où zonent les cartouches de protoxyde d’azote et les clopes éventrées. L’hiver, le chauffage ne suffit pas, alors on empile les couches parce que le simple vitrage n’a jamais été …

Lire, en toute liberté

Cet article semble vous intéresser. Vous pouvez lire la suite à votre aise : c’est un cadeau. Nos contenus doivent être accessibles au plus grand nombre. La période d’essai d’un mois, gratuite et sans engagement, est également faite pour cela. Cependant, nous avons besoin d’être financés pour continuer notre projet. Si vous trouvez notre travail important, n’hésitez pas : abonnez-vous à Médor.

Un journalisme exigeant peut améliorer notre société. Voulez‑vous rejoindre notre projet ?

La communauté Médor, c’est déjà 3400 abonnés et 1859 coopérateurs

Médor ne vous traque pas à travers ses cookies. Il n’en utilise que 3 maximum pour la sécurité et la navigation.
En savoir plus