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Debout, les périmées !

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Adrien Herda. CC BY-NC-ND.

Dans la culture traditionnelle chinoise, une « vraie » femme doit aussi être épouse et mère. Ça ne se discute pas. Sauf qu’elles sont de plus en plus nombreuses à résister à cette pression communautaire. Au pays de Confucius, on les appelle « sheng nü ». En Belgique, ce sont des « femmes périmées ». Yuan Li (1), 31 ans, fait partie de ces vieux restes… qui luttent.

Octobre 2016

Il y a deux jours, c’était mon anniversaire. 27 ans. Comme chaque année, on a fêté ça en famille, dans le restaurant de mes parents, à Ixelles (Bruxelles). À table, ma mère m’a lancé : « Tu sais que la fille de bidule (une de ses amies chinoises) a enfin trouvé un fiancé. Encore un peu, elle devenait une sheng nü ! » Le terme me disait bien quelque chose et, à voir la grimace sur le visage de ma mère, ce n’était vraiment pas quelque chose d’enviable. Entre deux jiaozi (des raviolis), j’ai cherché la signification exacte de sheng nü sur mon téléphone. C’était tellement gros que j’ai failli m’étrangler. Une sheng nü est tout simplement une « femme périmée ». Cette expression sexiste désigne une quasi-trentenaire, célibataire et sans enfant. En fait, en chinois, cela se traduit par « celle qui reste ». Comme les restes qu’on laisse dans son assiette. Celles dont aucun homme n’a voulu. Les déchets, quoi. Ce terme misogyne est même repris dans le lexique officiel du ministère chinois de l’Éducation.

Ma mère était clairement en train de m’envoyer un message : ma date limite de consommation approche et je risque de devenir le vieux pot de yaourt qui traîne dans le frigo, si je ne me trouve pas rapidement quelqu’un. « Je te mets juste en garde, c’est pour ton bien. Tiens, reprends un peu de vermicelles. » En réalité, je ne sais même pas si c’est mon célibat qui la dé­sespère ou si c’est plutôt la pression de la communauté qu’elle …

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