Campagne chic
Enquête : Ine Renson (De Standaard)
Traduction : Thomas Lecloux
Illustrations (CC BY-NC-ND) : Jul Quanouai
Publié le
Une discrète colonisation est à l’œuvre dans nos campagnes flamandes : à grande échelle, d’anciennes fermes sont transformées en logements et en entreprises non conformes au plan de secteur. Au jeu de la concurrence avec les propriétaires de villas, les agriculteurs sont perdants. Faut-il s’y résoudre, dans une des régions les plus fertiles d’Europe ?
Dans deux ans, nous comptons planter des pommes de terre ici, montre Stefaan Lippens. Ou du maïs. » Nous nous trouvons sur sa propriété dans la commune de Kaprijke, à un jet de pierre de la province néerlandaise de Zélande. Un rayon de soleil se mêle à un vent farouche. Derrière la ferme, les champs s’étirent à perte de vue. Stefaan sourit. « Magnifique, non ? » Là où pousseront bientôt les pommes de terre se trouve une étable du XVIIIe siècle tenant à peine debout. Une vigne se faufile à travers la pointe du toit. Les onze dernières vaches nous examinent d’un œil curieux. « Nous réduisons progressivement le troupeau, explique Denise, son épouse. Entre-temps, nous entamons les travaux de démolition. Les premières portions du bâtiment seront abattues avant la fin du mois. »
Stefaan et Denise Lippens démolissent leur étable par amour pour la campagne. Ils veulent libérer l’espace pour le rendre à la terre. Elle a 60 ans, lui 62. Jusqu’à leur pension, ils veulent encore cultiver des légumes. Le rendement de la parcelle ne couvrira pas les frais de démolition, estimés à 125 000 euros. « Il faut désamianter le toit, abattre les fosses à fumier, déblayer les gravats. On ne peut pas faire tout ça nous-mêmes », dit Stefaan.
Oiseaux rares
Les pensées se sont bousculées dans la tête de Stefaan quand il a entendu l’ancienne ministre flamande de l’Environnement Joke Schauvliege (CD&V) parler à la radio de projets expérimentaux de revégétalisation. Les …