Tester le QI des pauvres
En Flandre, la N-VA a déclenché une guerre idéologique en octobre dernier, réclamant des tests de QI pour sortir le enfants défavorisés de leur déterminisme social. Risque de dérive d’une pratique sujette à caution et qui condamnerait les gens dès l’enfance ? Ou au contraire, pragmatisme salutaire ? La journaliste du Morgen Cathy Galle, elle-même fille d’ouvriers, a rencontré plusieurs experts.
Milieu des années 80. Dans un petit village de Flandre-Occidentale, une fillette de 12 ans est assise avec son bulletin posé sur les genoux. Il est écrit en grand : « 90 % ». Face à elle, une dame du PMS, aujourd’hui devenu CLB (Centre flamand pour l’accompagnement des élèves). Tailleur gris, lunettes sévères. Elle remet à la fillette le document contenant la recommandation de son service : l’enseignement technique. Sans plus d’explication.
Cette fillette, c’était moi. Et c’était la première fois que je prenais vraiment conscience qu’il y avait quelque chose qui clochait. J’avais beau faire de mon mieux à l’école, je restais aux yeux des instances officielles « une enfant d’ouvriers ». Et, qui plus est, d’ouvriers sans le sou. À l’époque, cela voulait dire : une enfant qui n’irait de toute façon jamais très loin dans la vie. Une enfant pour qui les latines ou les modernes étaient de toute façon inaccessibles.
« Imaginez-vous que, à ce moment, vous ayez pu produire un document officiel attestant de vos résultats à un test de QI. Un document où il aurait été écrit noir sur blanc que malgré votre statut socio-économique, vous aviez des capacités. Vous auriez eu un argument fort à faire valoir. » Wouter Duyck, professeur de psychologie cognitive à l’Université de Gand, est un partisan farouche de l’instauration de tests cognitifs (portant, par exemple, sur l’attention, la mémoire ou la coordination, NDLR).
Selon lui, c’est la seule manière de découvrir le …