La communauté des rêveurs
Dans les années 80, ils ont quitté la Belgique pour aller bêcher leur potager et pratiquer la « thérapie des rêves » de Jung en Andalousie. C’est aujourd’hui l’un des plus anciens écovillages du pays. Médor a mis son nez à Los Portales.
Depuis la gare routière de Séville, mieux vaut avoir l’estomac bien accroché pour supporter le trajet tout en courbes menant jusqu’au village de Castilblanco de los Arroyos. Là-bas, à quelques centaines de mètres sur les hauteurs de la Sierra Morena, la chaîne de montagnes andalouse, c’est le terminus. Meryl, une grande brune de 47 ans, nous cueille tout sourire au saut du bus. Dans un bras, elle porte Julia, sa fille de 2 ans. De l’autre, elle soulève un sac de linge propre. « J’ai profité de cette escale pour aller au Lavomatic. On lave tout à la main chez nous », s’excuse-t-elle avant d’ouvrir la porte d’un utilitaire. La voiture s’élance vers un chemin de terre. Au bout d’une demi-heure, une pancarte en bois annonce « Los Portales ». En contrebas, dans la plaine, émerge un grand domaine de pierre blanche devancé par un potager. Une communauté d’une quinzaine de Belges y a élu domicile dans les années 80.
Dans une vie antérieure, ils étaient dentiste, banquier ou avocat. Tous ont décidé de rompre radicalement avec un quotidien bien trop étriqué à leur goût pour faire le choix d’une vie en pleine nature. Aujourd’hui, Los Portales est l’un des plus anciens écovillages de la péninsule Ibérique. Ses membres sont tous adeptes de la psychanalyse des rêves développée par le médecin suisse Carl Gustav Jung à l’orée du XXe siècle. Pour lui, le rêve, c’est le langage de l’inconscient. À l’origine, ces séances de psychanalyse s’opéraient à l’ombre d’un …