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Le féminisme à l’usine

Jeanne Vercheval

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Camille Lavaud. Tous droits réservés.

Dans les années 70, bien avant les Femen, des groupuscules féministes chahutaient les conférences antiavortement et attiraient l’attention des médias en chantant l’égalité. Jeanne Vercheval, douce arrière-grand-mère de La Louvière, était l’une de ces joyeuses femmes pirates. Son mouvement, les Marie Mineur, a secoué le monde ouvrier.

C’est un drame, à la fin des années 60, qui a fait d’elle une militante féministe. Un drame banal. Jeanne Vercheval vit avec son mari et ses enfants dans un quartier de paysans de Froidchapelle, dans le Hainaut. Un voisin l’appelle au secours : son épouse se vide de son sang, après s’être fait avorter à l’aide d’une aiguille. Il faut l’emmener d’urgence à l’hôpital. Dans les foyers modestes, la contraception est quasi inexistante ; l’IVG médicale, en Suisse ou en Angleterre, impayable. « Les hommes mettaient des préservatifs ou “sautaient en marche”, comme on disait », explique Jeanne. « Dans le village, toutes les femmes avaient été chez l’avorteuse du coin. » La voisine, déjà mère et belle-mère de quatre enfants, n’en est pas à son premier avortement. Elle frôle la mort. « Pour moi, ça a été un choc. J’ai commencé à m’intéresser à la situation des femmes. »

Séduite depuis quelques années par l’idéal marxiste, Jeanne pense alors que la lutte des classes éliminera toutes les inégalités. « J’étais naïve. » Avec ce drame, elle prend conscience qu’une lutte des sexes est également nécessaire. Et l’est toujours : « Les femmes ont encore tellement de combats à gagner »  : la sortie de l’avortement du Code pénal, la lutte contre le harcèlement sexuel, la mixité dans toutes les professions, la défense des travailleuses précaires et des chômeuses. « Je ne sais pas comment je ferais, aujourd’hui. Parfois, je suis contente d’être vieille… »

Jeanne Vercheval a …

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