Terrain miné
Histoire très belge d’un stade si peu national

Des années qu’on en parle, d’un nouveau stade pour accueillir les exploits des Diables rouges. Grâce à une société flamande, Bruxelles est en passe de concrétiser cette ambition. Sans aucun appui du fédéral, taclée même par les autres Régions du pays. Un stade somme toute fort peu national, qui n’était pas censé coûter un balle aux contribuables. Vérification par Médor, avant la déferlante émotionnelle de l’Euro 2016.
Ce pays n’a pas de couilles. » Sous les hauts plafonds à caissons sculptés de l’hôtel de ville de Bruxelles, les mots claquent. Au pied de vénérables tapisseries traînent pêle-mêle un numéro de Foot Mag, des maillots dédicacés des Diables rouges et un volumineux dossier intitulé « Stade national ». Le premier échevin Alain Courtois (MR), en charge des sports, a pris le temps de nous recevoir pour parler stade, alors que dans la presse du jour il se fait allumer jusque dans les rangs de son propre parti pour son soutien au piétonnier controversé du centre-ville. La polémique ne l’émeut pas plus que ça. Mais que le pays ne soit pas suffisamment couillu, ça le met en rogne. « Il n’y a jamais d’ambition, jamais quelqu’un qui va proposer de grands événements. » Comprendre : excepté lui.
Dans le dossier du stade national, Courtois est aux premières loges. Galvanisé par les récents succès de Diables rouges autrefois moribonds et l’approche de l’Euro 2020, ce projet prévoit d’ériger un nouvel antre du football sur le parking C du Heysel – terrain appartenant à la Ville de Bruxelles mais situé en Flandre. Dommage collatéral de l’opération : le stade Roi Baudouin, à moins d’un kilomètre de là, et sa piste d’athlétisme qui accueille le Mémorial Van Damme pourraient être démolis. Aux avant-postes du chantier polémique, on retrouve aussi deux fortes têtes : Guy Vanhengel, ministre bruxellois du Budget et des Finances, cacique de l’Open VLD, et Paul Gheysens, magnat immobilier …