Scout toujours ?
Des comportements inappropriés, des abus ou des violences se déroulent dans le cadre de mouvements de jeunesse. Effets de groupe, traditions jamais remises en question ? Médor lance une enquête participative.
Présentation de l’enquête participative
Médor se penche sur les mouvements de jeunesse et leurs éventuels débordements. Des comportements inappropriés, des abus ou même des violences se déroulent dans ce cadre. Nous cherchons à comprendre comment ils se mettent en place. Effets de groupe, traditions jamais remises en question ?
Pour réaliser une enquête factuelle et nuancée, Médor lance une grande récolte de témoignages. Ceux-ci sont rassemblés sur un mur de témoignages et sont le point de départ de notre démarche participative.
Vous (ou vos enfants) avez subi des abus ? Vous en avez été témoin voire auteur·ice ? Partagez votre expérience dans un formulaire confidentiel. Nous garantissons le respect absolu de votre anonymat.
Vous avez des infos, vous êtes expert·e dans un domaine qui pourrait être utile à l’enquête ou vous préférez nous en parler directement avant d’écrire votre témoignage ? N’hésitez pas à nous contacter.
La démarche
Nous avons déjà reçu plusieurs messages de personnes interpellées que l’on enquête sur les mouvements de jeunesse et leurs éventuels débordements. Parce que cette enquête est participative et pour être sûr qu’on se comprenne, clarifions notre démarche.
1 – L’enquête démarre parce que nous sommes alerté·es par plusieurs personnes qui ont vécu des abus dans les mouvements de jeunesse. Faits isolés ? Débordements récurrents ? Nos journalistes sondent leur entourage et récoltent facilement une dizaine de témoignages ;
2 – En nous documentant, nous constatons que la gestion de ces abus est aussi une priorité des mouvements de jeunesse. Nous ne sommes donc pas les seul·es à identifier le phénomène et le considérer comme problématique ;
3 – Nous avons rencontré les cinq mouvements de jeunesse, réalisé de premières interviews et leur avons proposé de relayer un appel à témoignages. La fédération des Scouts et Guides Pluralistes embraie le 18 avril. Les autres fédérations ne le partageront pas mais sont au courant de la démarche, de la temporalité, de nos canaux de diffusion. Nous avons pris en considération leurs remarques. Il ne s’agit donc pas de taper gratuitement sur ces mouvements ;
4 – Nous lançons un mur de témoignages dans un cadre qui espère réduire tout débordement. Les témoignages sont récoltés via un formulaire anonyme. Il n’y a pas de publication automatique et nous retirons ce qui permet d’identifier quiconque (nous n’avons pas vocation à devenir un tribunal médiatique).
5 – Nous publions un premier long témoignage édifiant. "Saïmiri" est un jeune adulte encore marqué par le harcèlement et l’homophobie subie chez les scouts, 15 ans auparavant. Ce témoignage est l’un de ceux qui nous ont poussés à nous pencher sur la violence dans le scoutisme.
6 – En avril, le média Apache s’allie à notre démarche et étend l’enquête à la Flandre.
7 – Les phases suivantes sont la diffusion et récolte de témoignages, la réalisation d’interviews complémentaires, les confrontations ou droits de réplique. Et enfin, la rédaction. L’enquête sera publiée en juin 2023, dans les pages de Médor n°31 et sur notre site.
Nous ne généralisons pas "mouvement de jeunesse = violence". Nous nous attachons à la gravité des faits et à une certaine fréquence. Pour les victimes, l’expression compte beaucoup et leur parole mérite d’être entendue, prise en compte. C’est d’ailleurs ça, l’esprit scout (on le sait, nos journalistes ont été scouts et guides).
Nous sommes bien conscient·es que notre enquête ne va pas faire la part belle aux mouvements de jeunesse. Ce peut être regrettable mais là n’est pas l’objet. Nous soulevons une question d’intérêt public, à savoir : y a-t-il des abus récurrents dans les mouvements de jeunesse ? Quels sont-ils et comment sont-ils pris en considération ? Notre enquête entend y répondre, avec sérieux et nuance.
Une enquête menée par Olivier Bailly, Céline Gautier et Louis Van Ginneken.
Illustrations par Colin Delfosse.