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Huuuue, Bienvenue dans l’infolettre « Flûte, j’ai poney », une enquête participative du magazine Médor. Jusqu’en décembre 2024, nous nous intéressons à la pression qui pèse sur les parents par rapport aux activités extrascolaires (temps, budgets, trajets, charge mentale et messages sur les groupes whatsapp). Vous avez loupé des bouts ? Rendez-vous sur www.medor.coop/poney La conclusion de ce travail sera publiée dans le Médor n°37 (décembre 2024). Abonnez-vous avant ! www.medor.coop/abo
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Ces joyeuses illustrations sont signées Pauline Lecerf.
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Nous revoilà ! Un mois déjà depuis la dernière newsletter, mais pas un mois passé à glander… Spectacles de danse, organisation de vacances, réinscription au poney, recherche de stage last-minute : en ce début juillet, nous sommes même à deux doigts du burn-out parental. Et vu vos témoignages, on croit bien qu’on se comprend…Pour démarrer l’été, on avait envie de vous partager des infos qui poussent à lever le pied, et d’aborder la notion de « répit »
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Lundi, activité « chiffre »
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D’abord, un chiffre tiré des réponses à notre questionnaire. Quasi 100 % des grands-parents répondants posent la même question : où est passé l’ennui ? Pour eux, une chose est sûre : on ne laisse plus la paix aux enfants et la pression mise sur enfants comme parents est plus forte que lorsqu’ils étaient plus jeunes. Une répondante (qui ne nous a pas laissé de pseudo) raconte ce qu’elle faisait comme activité extra-scolaire : « Je courais partout dans les campagnes. » Ce qui a le plus changé depuis son « époque » ? « On dirait qu’il faut absolument les occuper. Surtout ne pas connaître l'ennui! » Maroussia, elle, parle de cette « occupation non stop dans leur quotidien ». Ce qui a changé par rapport à sa jeunesse ? « Moins de temps de rien, de s’ennuyer pour laisser la place à la créativité, à la perception des choses (...). Il manque un espace de philosophie et de poésie. » Un ou une autre poète, qui ne nous a pas non plus laissé de pseudo (décidément), se désole que les parents « oublient qu’il vaut mieux "être" que avoir ». Pour autant, cette personne nous rappelle que c’était pas forcément mieux avant… « A mon époque (j’ai 72 ans), les filles devaient être de bonnes épouses… un point c’est tout. »
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Mardi, activité « géographie »
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Cette réflexion sur les enfants qui courent dans les rues et les champs nous a fait penser à un projet génial, mené par le médecin britannique William Bird en 2007. Après avoir suivi tous les membres d’une même famille sur quatre générations, du petit-fils à l’arrière-grand-père (de 1927 à 2007), William Bird a déterminé quel rayon chacun·e avait le droit de parcourir seul·e à pied à l’âge de 8 ans dans la petite ville de Sheffield. Alors que l’arrière-grand-père du petit Ed pouvait parcourir 10 kilomètres seul à pied à l’âge de 8 ans, ledit Ed ne pouvait pas aller plus loin que le bout de sa rue, à 300 mètres de chez lui. La cartographie produite par ce médecin est édifiante.
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Mercredi, activité « s’emmerder »
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« Tu organises une "plaine de vacances", personne ne s’inscrit. Tu appelles ça "stage", ça marche tout de suite. »Conseil donné par une organisatrice de plaines/stages
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Les parents, recherchent l’acquisition de compétences pour leur enfant, nous ont dit plusieurs acteurs de l’extra-scolaire. Si le stage est trop bon marché, ce serait même suspect... Nous avons parlé de cela avec Geoffroy Carly, de CEMEA (mouvement d’éducation nouvelle proposant des centres d’activités pour jeunes), qui a mené une campagne en 2019 intitulée « Laisser le temps à l’enfance ». Sur leurs affiches, on pouvait lire « Perdre Prendre son temps ! ». Selon lui, « il y aurait une forme de refus relativement catégorique de notre société que l’oisiveté puisse exister, avec l’idée que tous les temps ne pourraient être que des temps rentabilisés. Alors qu'on sait très bien que le fait de s'emmerder est une nécessité ! » Et pour avoir du temps de répit de qualité, peut-être faudrait-il commencer par revaloriser les métiers de garderie extra-scolaire ? « On pourrait même dire, si on remet un peu les hiérarchies traditionnelles en cause, probablement que c'est plus dur de s'occuper du temps libre que de s'occuper de matières scolaires ! ». Ne pas se limiter à être un gendarme de cour de récré, ni laisser tout faire, sans pour autant donner "une activité à faire", ça ne s’improvise pas. « Laisser la place aux enfants et leur laisser la main sur des activités, sur de l'autodétermination, etc. ça demande de la part des adultes en présence une très grande conscience de ce qui se passe pour les enfants, des aménagements, un cadre à porter, etc. Donc c'est éminemment construit. »
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Jeudi, activité « statistiques plombantes »
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Dans l’extrascolaire, 1 accueillant.e sur 2 perçoit un salaire en-dessous du seuil de pauvreté.C’est l’un des résultats tirés de l’étude menée par le mouvement féministe Soralia et la plateforme Extrascool, à propos des conditions de travail dans le secteur de l’accueil extrascolaire. On y découvre d’autres chiffres étonnants. Parmi les répondant·es (plus de 600) : - Environ 16 % n’ont ni contrat CDI ou CDD classiques mais sont engagé·es sous un contrat de type : ALE, remplacement, Article 60 ou bénévolat.
- Presqu’un·e sur 5 n’a jamais reçu ni son descriptif de fonction, ni le projet d’accueil de leur structure ;
- 90 % sont des femmes.
« L’accueil extrascolaire ne déroge pas aux caractéristiques observées dans l’ensemble des métiers du care : contrats précaires, salaires faibles, moyens humains et matériels insuffisants, pénibilité non-reconnue, articulation vie privée-vie pro difficile, faible reconnaissance au sein de la société, etc. » www.extrascool.be
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Vendredi, activité « des bisous avant de craquer »
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On termine avec le témoignage de Sofie qui a bien besoin de vacances mais a quand même trouvé le temps de répondre à notre questionnaire et de nous raconter sa « no-life de mère » — ce sont ses mots. Et vous la vivez bien, cette course à l’extrascolaire? « NON, JE SUIS TOUJOURS EN QUESTIONNEMENT. JE VEUX PAS LES OBLIGER, MAIS J’AI PEUR QU’ILS DEVIENNENT DES MOULES ANTISOCIALES SI ILS NE FONT PAS AU MOINS UNE ACTIVITÉ. ET MOI JE PERDS MON MERCREDI APRES-MIDI CHILL DE CONGÉ AVEC MES GOSSES DANS MA BAGNOLE. » Qu’est-ce qui manque, selon vous, dans les apprentissages scolaires ? « UN ACCÈS À LA CULTURE DE QUALITÉ ET PAS LE RÉPERTOIRE D’ANNIE CORDY OU UNE CHANSON DE DAVID GUETTA À LA FANCY-FAIR ! DE LA DIVERSITÉ DANS LES SPORTS ET PAS UNIQUEMENT LE GOAL DE FOOT QUI PREND LA MOITIÉ DE LA COUR ET QUI EST QUASIMENT GÉRÉ PAR LES AFFREUX DE L’ÉCOLE QUI METTENT TJS LES MÊMES GAMINS DE CÔTÉS (LES TOUTS PETITS A QUI ON REFUSE L’ACCÈS ET CEUX QU’ON CONSIDÈRE COMME DES NULOS) » Et vous, vous avez carrément craqué ? Pété les plombs ? On aimerait vous entendre. Écrivez-nous à poney@medor.coop Pour simplement répondre à notre questionnaire : c’est ici. Médor, c’est votre meilleur loisir cet été. N’en faites pas plus ! Bisous
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Les infolettres « poney » sont gratuites (de rien, ça nous fait plaisir). Mais vous vous en doutez, notre média existe grâce à votre financement. Près de 90 % de nos recettes proviennent des ventes (abonnements et librairies). Si vous avez aimé ce que vous avez lu, n’hésitez pas à
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Chloé Andries Chaque jour, elle remercie le ciel que la passion de sa fille soit de « chiller dans le canapé ». Ce qui lui laisse du temps pour sa propre passion, fabriquer des pièges à limaces. Le reste de ses journées, Chloé les passe comme journaliste et pilote de Médor. Elle a réalisé pour la presse belge et française des enquêtes (et un film) sur les écoles alternatives, les réseaux catholiques d’extrême droite ou les garagistes du fin fond du Hainaut. Ses dadas : l’éducation, les religions, l’identité et les marges. Céline Gautier Experte du hobby horse (à titre professionnel) et joueuse de badminton sur le temps de midi, Céline connaît les meilleurs plans de stages pour enfants mais adore surtout fabriquer des décors en carton avec sa fille. Sinon, est elle aussi journaliste et pilote de Médor. Elle a réalisé, entre autres, des enquêtes sur le don d’ovocytes (prix Belfius 2017), l’enseignement spécialisé ou les places en crèche. Elle s’intéresse aux questions de société, à l’enseignement ou à l’accord du participe passé.
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Merci de votre intérêt pour notre enquête ! On se retrouve bientôt pour la même chose ou presque.
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