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Qui doit organiser les stages ?
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Huuuue, Bienvenue dans l’infolettre de « Flûte, j’ai poney », une enquête participative du magazine Médor. Jusqu’en décembre 2024, nous nous intéressons aux activités extrascolaires et à ce que les parents peuvent mettre (ou non) en temps, en argent et en charge mentale dans les loisirs de leurs enfants. Pour mieux comprendre comment tout ça accentue les inégalités. Vous avez loupé des bouts ? Rendez-vous sur www.medor.coop/poney La conclusion de ce travail sera publiée dans le Médor n°37 (décembre 2024). Abonnez-vous avant ! www.medor.coop/abo
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Ces joyeuses illustrations sont signées Pauline Lecerf.
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Nous revoilà ! Depuis la dernière infolettre, qu’a t-on fait, à part des navettes sous la drache ? On a pris des cours de langue, lu vos témoignages, et discuté politique et marchandisation. On a aussi recontacté quelques un·es d’entre vous, pour creuser les infos que vous nous aviez envoyées (ça atterrira au fur et à mesure).
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Lundi, activité « débat politique »
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- « Les héros de l’Atlandide » (7-12 ans) à Bredene. Au programme : Sea Life, Plopsaqua, cuistax ». Organisé par Ocarina Verviers. 285 euros pour les membres de Mutualités chrétiennes, 185 euros pour les BIM. Tout compris (logement, repas, activités, trajet).
- « Les couleurs du monde » (3-15 ans) à Mouscron. Au programme : « jouer, cuisiner et bien plus encore ». Organisé par Latitude Jeunes (Solidaris). 55 euros, garderie comprise.
→ Réponse : ils sont tous les deux proposés par des organisations de jeunesse dépendant de mutualités (ici Mutualités chrétiennes et Solidaris). Et c’est là qu’arrive le débat.Parmi les personnes que nous avons rencontrées, certains estiment que les mutuelles sont devenues des « usines à gosses » et se demandent si c’est bien leur rôle d’organiser des stages (voir, ci-dessous, ce qu’en pense le MR). D’autres, à l’inverse, pointent le rôle social de premier plan des mutualités, qui proposent des stages, séjours ou plaines à des tarifs avantageux, notamment pour les enfants en situation de handicap (voir la réaction d’Ocarina/Mutualités chrétiennes). Le MR, dans son programme électoral, propose que les mutualités recentrent leurs activités sur la santé : « (...) l’organisation, par certaines mutuelles, d’événements comme des festivals ou des stages pour enfants et adolescents pose question, d’autant plus que cela leur permet d’offrir une vitrine à d’autres mouvements sociaux ou partis politiques. Cela crée une confusion qui nuit à la démocratie et aboutit à détourner des moyens destinés à la santé. » Célestine Lecocq (Ocarina), s’en inquiète. « Cela reflète une complète méconnaissance de ce qu’on fait. Pour le MR, on fait quelque chose à la place du privé. Mais oui ! C’est exactement ça. Et cela nous permet de toucher un autre public. » Pour elle, il y a deux éléments importants : - Les mutualités sont en contact direct avec un public fragile, notamment les bénéficiaires d’interventions majorées (BIM). Elles peuvent les informer des possibilités d’activités bon marché, directement lors de leur passage au guichet. « Certains parents ne savent pas qu’il existe des plaines de vacances de qualité pour 25 euros. » Notons que la Fédération Wallonie-Bruxelles interdit de mettre des publicités dans les cartables. « En soi, c’est une bonne mesure mais pour nous, c’est ennuyeux. »
- Les animateurs et animatrices sont des volontaires, qui bénéficient d’une formation obligatoire - « ce qui n’est pas le cas de la mamy gâteau qui organise de stages à sa maison ». Il y a donc aussi un effet bénéfique pour ces jeunes.
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Mardi, activité « langues »
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Une lectrice qui témoigne sous le pseudo « Mon pseudo :-) » nous raconte son enfance : « Les activités, ce n'était possible que si ça ne coûtait pas trop cher et si on avait une solution en cas de déplacements lointains, c'est-à-dire pouvoir bénéficier d'un lift. » Un lift ? Nous devons une petite explication à ceux et celles d’entre vous qui êtes d’origine française, rwandaise ou sénégalaise (les Québecois, Belges et Burundais, eux, savent) : Lift. n.m. Place offerte dans une voiture pour un trajet déterminé. Emprunt à l’anglais « lift » (« to give somebody a lift », déposer quelqu’un quelque part). Également en néerlandais : « ieamand een lift geven » (Source : Michel Francard, « Dictionnaire des belgicismes »)
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Mercredi, activité « vite répondu »
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C’est ce que nous a répondu Geoffroy Carly, directeur de CEMEA (mouvement d’éducation nouvelle qui propose des centres d’activités pour jeunes). Mais à quelle question répondait-il ? A- Trouvez-vous que la natation est l’activité la plus menacée du cursus scolaire ? B- Assiste-t-on à une marchandisation de l’extrascolaire ? C- Les parents devraient-ils parfois lâcher la grappe de leurs enfants ? Pas évident, on vous l’accorde. Il aurait pu répondre « Oui, à crever » à chacune de ces questions. Mais c’est à la question B sur la marchandisation de l’extrascolaire, qu’il a été le plus direct. Puis, il a développé : « Tout le secteur éducatif est d’accord pour dire qu’il y a trois piliers, trois temps éducatifs, importants : la famille, l’école et l’extrascolaire ». Pourtant, le temps libre, extrascolaire, informel, est depuis longtemps « négligé ». Il souffre d’un sous-financement mais aussi d’un manque de vision politique. Que veut-on en faire ? Que veut-on pour nos enfants ? Faute de vision politique, le privé s’est engouffré dans l’offre d’activités et de stages extrascolaires. « Dans les offres purement privées, des structures arrivent avec un produit économique qui doit être rentable et donc, des offres qui répondent davantage aux demandes des parents qu’aux enfants ». C’est-à-dire, selon Geoffroy Carly, des stages où l’on apprend quelque chose (surtout pas de jeux libres, pas de répit pour nos petits !). Un des signes de la démission du secteur public ? Jusqu’en 2019, il fallait une autorisation de l’ONE pour proposer une activité extrascolaire ou un stage. Cette obligation n’est restée en vigueur que pour les structures de la petite enfance (avant 3 ans). « L’offre grandissant et le marché se saisissant de l’enfance, l’ONE ne peut plus suivre, analyse Geoffroy Carly. Ils surveillent la petite enfance, car le danger est plus grand avant 3 ans ». Et après ? Ils n’ont qu’à mettre des casques pour faire leur poney.
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Jeudi, activité « nage avec les anguilles »
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Pour l’instant, la palme revient à Zozolastico, 11 ans : « Le stage de survie parce qu'on a fait une chasse au trésor et qu'on devait trouver une montre. Puis on a nagé dans un lac et on a trouvé une anguille. » Tu as fait une dinguerie encore plus grosse que Zozolastico (et tu as éventuellement un surnom encore plus fou?) ? Remplis vite le questionnaire adressé aux enfants. Promis, on mettra ton nom sur une médaille dans une prochaine infolettre.
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Vendredi, activité « WhatsApp »
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À intervalle surprise, dans cette infolettre, on vous partagera tout un tas d’infos. Transférez-la autour de vous. Et dites à vos groupes WhatsApp de parents de s’y abonner, sur www.medor.coop/poney. Et si vous voulez nous encourager, nous liker, nous jeter des tomates ou des gif : poney@medor.coop Les infolettres « poney » sont gratuites (de rien, ça nous fait plaisir). Mais vous vous en doutez, notre média existe grâce à votre financement. Près de 90 % de nos recettes proviennent des ventes (abonnements et librairies). Si vous avez aimé ce que vous avez lu, n’hésitez pas à faire un tour sur notre boutique.
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Chloé Andries Chaque jour, elle remercie le ciel que la passion de sa fille soit de « chiller dans le canapé ». Ce qui lui laisse du temps pour sa propre passion, fabriquer des pièges à limaces. Le reste de ses journées, Chloé les passe comme journaliste et pilote de Médor. Elle a réalisé pour la presse belge et française des enquêtes (et un film) sur les écoles alternatives, les réseaux catholiques d’extrême droite ou les garagistes du fin fond du Hainaut. Ses dadas : l’éducation, les religions, l’identité et les marges. Céline Gautier Experte du hobby horse (à titre professionnel) et joueuse de badminton sur le temps de midi, Céline connaît les meilleurs plans de stages pour enfants mais adore surtout fabriquer des décors en carton avec sa fille. Sinon, est elle aussi journaliste et pilote de Médor. Elle a réalisé, entre autres, des enquêtes sur le don d’ovocytes (prix Belfius 2017), l’enseignement spécialisé ou les places en crèche. Elle s’intéresse aux questions de société, à l’enseignement ou à l’accord du participe passé.
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Merci de votre intérêt pour notre enquête ! On se retrouve bientôt pour la même chose ou presque.
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