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L’école jusqu’à 17h : un débat pour le goûter !
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Huuuue, Bienvenue dans l’infolettre « Flûte, j’ai poney », une enquête participative du magazine Médor. Jusqu’à la fin de l'année 2024, nous nous intéressons à la pression qui pèse sur les parents par rapport aux activités extrascolaires (temps, budgets, trajets, charge mentale et messages sur les groupes whatsapp). Vous avez loupé des bouts ? Rendez-vous sur www.medor.coop/poney La conclusion de ce travail sera publiée dans le Médor n°37 (décembre 2024). Abonnez-vous avant ! www.medor.coop/abo
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Ces joyeuses illustrations sont signées Pauline Lecerf.
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La dernière fois, on s’est demandées si les activités extrascolaires devaient, en partie, s’organiser dans les écoles ou à partir des écoles. Du poney dans la cour et de la flûte dans le réfectoire ?Eh bien, sachez qu’à l’heure où nous nous posons des tas de questions et écoutons vos avis (et ceux des instits, des enfants, des profs de judo et des pédopsy), il y en a qui ont déjà tranché.Deux gros chantiers s’annoncent en Fédération Wallonie-Bruxelles : une modification des rythmes scolaires journaliers (à quelle heure commence et termine l’école) et la finalisation d’une réforme du secteur de l’Accueil temps libre (« ATL » entre amis).Ça promet des débats à l’heure du goûter ! Mais avant de vraiment bosser, on a trouvé l’accessoire du siècle et un chiffre interpellant.
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Lundi, activité « le bon équipement »
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C’est la palme de l’équipement dont on n’avait jamais entendu parler mais dont il semble devenu irresponsable de se passer: le gilet d’équitation (aussi pour le poney, donc). Une sorte de veste pare-balles de journaliste embarqué sur le front, avec protections antichoc, scratch ajustables et même airbag si vous aimez vraiment vos enfants. Baladez-vous dans n’importe quel magasin de « sport », au rayon équitation… on ne voit que lui !
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Mardi, activité « chiffre qui fait mal »
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Et ils ne sont plus que 52% dans la catégorie où le père est ouvrier et la mère « inactive ». (Chiffres ADEPS – 2022)
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Mercredi, activité « lecture de déclaration de politique communautaire »
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C’est pas le plus marrant pour continuer la semaine mais vu que ça va changer notre vie et celle de nos enfants, on s’est un peu forcées. Après la modification des rythmes scolaires annuels (les dates de vacances), le Pacte d’Excellence envisage en effet une révision des rythmes journaliers. L’actuel gouvernement MR-Engagés de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) l’a inscrite dans sa déclaration politique. Pour faire simple, des génies des rythmes biologiques ont remarqué que les enfants étaient un peu ralentis en début d’après-midi et suggèrent de ne pas caler d’apprentissages cognitifs à ce moment-là. Par contre, de la musique ou du sport, on peut. À partir de là, plusieurs visions s’affrontent. Celle du MR, parti de la ministre de l’Enseignement Valérie Glatigny et première force politique au parlement de la FWB, c’est d’allonger la journée d’école jusqu’à 17h. Une longue pause de midi accueillerait des « activités culturelles, sportives et numériques » et de la remédiation et les cours reprendraient de 15h à 17h. Cette réorganisation collerait aussi mieux avec les horaires professionnels des parents. D’autres partis, comme le PS, suggèrent simplement de regrouper les apprentissages qui demandent le plus de concentration le matin, sans allonger la journée. Et de laisser l’extrascolaire en-dehors de l’école.
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Jeudi, débat « Le MR est-il l’inventeur du Big bang ? »
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« Je crois davantage au changement par à-coups. Encore plus dans un contexte de rareté des ressources. » C’est ce que nous a répondu Solaÿman Laqdim, le délégué général aux droits de l’enfant de la FWB, quand nous l’avons interrogé sur cette réforme des rythmes scolaires journaliers. Comme toutes les personnes que nous avons rencontrées jusqu’ici, il applaudit l’idée de réaménager les journées pour prendre mieux en compte les besoins de l’enfant. Mais rapatrier, de manière structurelle, l’extrascolaire au sein des écoles lui semble relever du Grand boum. Les arguments ne manquent pas. En voici un : « L’école voit l’enfant comme un élève à qui transmettre du savoir, alors que l’extrascolaire l’envisage autrement. Il ne faut pas que l’école phagocyte ce troisième lieu de vie. » Comme lui, le secteur de l’accueil extrascolaire (ATL) défend cette idée de « troisième lieu de vie » (en plus de la famille et de l’école), qui doit garder ses spécificités par rapport à l’école. Nous avons discuté avec Annick Cognaux et Cindy Jadot, responsables de l’ATL au sein de l’ONE. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles ne sont pas super-emballées à l’idée d’une école tout-en-un, avec horaires élargis : « L’enfant arriverait plus tôt à l’école, repartirait plus tard. Il verrait toujours les mêmes compagnons et perdrait donc des opportunités de mixité sociale, de découvrir d’autres environnements, d’autres milieux de vie. C’est un appauvrissement du cadre de vie de l’enfant. »
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Vendredi, rencontre avec Sophie, deux enfants (7 et 11 ans), région de Tournai
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Ici, c’est foot pour le garçon, poney et judo pour la fille. « Elle a deux activités, parce qu’elle a besoin de se dépenser, c’est sa maîtresse qui me l’a conseillé. Sinon, je serais bien restée à une seule activité. » Sophie n’a jamais senti de « pression » à les inscrire à un tas de choses. « Je veux juste leur donner le moyen de se défouler après l’école. » Un objectif plutôt modéré donc. Et pourtant, Sophie se sent « sous pression » logistique. Et culpabilise. « Pour aller au foot l’an dernier, il fallait faire super vite, mon fils devait se changer rapido dans la voiture, je lui disais « vite, vite ! » je le stressais à mort. » Et puis elle culpabilise « de devoir l’emmener à l’entrainement de sa sœur, et le forcer à attendre sur place, alors qu’il a envie d’être à la maison. Ou de rentrer après 20h à cause d’une activité… le temps de souper, ils se couchent parfois à 22h. » Tout rapatrier à l’école, ça lui dirait ? « Ah mais attends, ce serait le rêve ! »
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Chloé Andries Chaque jour, elle remercie le ciel que la passion de sa fille soit de « chiller dans le canapé ». Ce qui lui laisse du temps pour sa propre passion, fabriquer des pièges à limaces. Le reste de ses journées, Chloé les passe comme journaliste et pilote de Médor. Elle a réalisé pour la presse belge et française des enquêtes (et un film) sur les écoles alternatives, les réseaux catholiques d’extrême droite ou les garagistes du fin fond du Hainaut. Ses dadas : l’éducation, les religions, l’identité et les marges. Céline Gautier Experte du hobby horse (à titre professionnel) et joueuse de badminton sur le temps de midi, Céline connaît les meilleurs plans de stages pour enfants mais adore surtout fabriquer des décors en carton avec sa fille. Sinon, est elle aussi journaliste et pilote de Médor. Elle a réalisé, entre autres, des enquêtes sur le don d’ovocytes (prix Belfius 2017), l’enseignement spécialisé ou les places en crèche. Elle s’intéresse aux questions de société, à l’enseignement ou à l’accord du participe passé.
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Merci de votre intérêt pour notre enquête ! On se retrouve bientôt pour la même chose ou presque.
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